Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Philosophie - Page 2

  • De ceux qui prient sans se faire prier.

        Beaucoup d'hommes et de femmes qui ne croient pas en Dieu ont un jour prié. D'autres  exigeront une preuve de l'existence d'un être supérieur avant de lui adresser une prière. Par quoi commencer ?  Par la profession de foi ou par l'expérience de laboratoire ?   La foi n’est pas un tremblement de terre mais un infime frémissement de la forêt intérieure caressée par une brise divine : « Esa noche sinti un cierto vértigo y volviό a delirar ». Quoi qu'il en soit, certaines personnes n'éprouveront jamais le besoin de prier parce qu'elles vivent en-deçà de toute spiritualité. Leur existence est factuelle, étroitement liée à la conquête d'avantages matériels. Le phénomène de la prière peut se passer de Dieu, c'est une affaire humaine. Rien à voir, ou si peu, avec les génuflexions et les paters appris par cœur et récités mécaniquement, sans véritable implication de ceux qui intercèdent. Ce qui prime avant tout, c'est le fait que « dans la prière nous nous élevons au-dessus de nous-mêmes ainsi que de tout ce qui nous entoure et portons nos regards dans le lointain, vers un horizon infini [1] ».  Celui qui prie puise en lui-même pour trouver la source qui apaisera sa soif de grandeur. Il y a un mystère en chacun de nous et nous en possédons la clé : sommes-nous sur cette terre par hasard, sans avant et sans après ?  Cette question nous brûle. Prier, c'est croire en l'avenir, c'est admettre que les choses peuvent changer. La prière surgit souvent dans les pires moments, en présence de la mort. Il y a des circonstances où l'espoir ne suffit plus, alors nous prions pour connaître des jours meilleurs. A cet instant, le passé n'est rien, seul compte l'avenir. En priant, nous allons aussi loin qu'il est possible d'aller, nous allons jusqu'au bout, jusqu'à la vérité ultime de ce que nous sommes vraiment. Les soucis,  quels qu'ils soient,  finissent toujours par se noyer dans un double-whisky.

     



    [1]  Eugène Minkowski, le temps vécu. 

  • La théorie du pétard mouillé.

        A-t-on enfin trouvé des preuves de l'existence du Big Bang ? Si tel était le cas, ce serait la plus extraordinaire découverte de l'histoire de l'humanité (si l'on excepte celle de la fourchette et du mode de reproduction des mammifères).  Plusieurs physiciens (catégorie  fourre-tout qui englobe aussi bien Albert Einstein que les frères Bogdanov) auraient observé des traces d'ondes gravitationnelles qu'ils attribuent au Big Bang. En quoi cela pourrait-il tout changer ? Les ondes gravitationnelles sont un élément clé de la théorie de la relativité générale et leur découverte apporterait la pièce manquante au puzzle.  Elles sont l'écho de l'immense choc qui s'est produit il y a 13 milliards et 820 millions d'années. Si Albert Einstein était convaincu de leur existence, personne jusqu'à ce jour n'avait réussi à en apporter la preuve.  Mais cette annonce est-elle fiable ?  Rien n'est moins sûr, car pour inscrire leur nom au palmarès du Prix Nobel de Physique certains savants seraient prêts à tuer père et mère. Au moment où l'on va enfin savoir comment l'univers est né, d'autres scientifiques nous cassent le moral en nous annonçant sa fin programmée.  Oui, l'univers se meurt, l'univers est mort !  La raison ? Il produirait de moins en moins d'énergie. Petit rappel pour les profanes (ou pour ceux qui auraient séché les cours de Physique au Lycée) : Les galaxies que nous observons se sont formées peu de temps après le Big Bang et, comme la lumière voyage à une vitesse constante, il suffit d'observer des objets lointains pour voir à quoi ressemblait l’univers à ses débuts. « Depuis son origine, l'univers est voué au déclin, comme une dégénérescence sans fin, une vieillesse éternelle »Si une bonne partie de l'énergie qui circule dans l'Univers a été produite après le Big Bang, de l'énergie nouvelle est constamment libérée par les étoiles lors de la fusion d'éléments comme l'hydrogène et l'hélium. C'est ce qui a été observé. En étudiant 200.000 galaxies, ces physiciens ont calculé que l'énergie produite était deux fois moindre à celle générée il y a deux milliards d'années.  Pire, elle diminue sans cesse. Mais gardons notre calme, la fin des temps n'est pas pour demain puisqu'il reste encore 100 milliards d'années avant que la dernière étoile ne cesse de briller. Résumons nous : comme le dit la sagesse populaire « rien ne dure, tout a une fin ». Ainsi,  aucune entité, aucune création ne reste en l'état, dans une permanence figée. Un chien vit 15 ans, un homme 85 ans, un éléphant 120 ans. Il en est de même pour les réalisations humaines : une relation amoureuse dure 3 ans, une guerre mondiale dure 4 ou 5 ans, un homme politique fait une carrière de 45 ans, un groupe industriel périclite au bout de 80 ans, une grande religion s'éteint au bout de 20 siècles.

  • L'homme a créé Dieu le sixième jour.

      J'ai la nostalgie de l'éternité, le goût du néant et, la nuit, quand je me dissous dans un sommeil sans images, je me désincarne. Le dégoût d'une vie misérable est souvent, plus ou moins consciemment, associé au désir d'une délivrance. Et si celle-ci prend parfois la forme naïve du paradis chrétien – délivrez-nous du mal – elle peut aussi exprimer l’aspiration toute simple à n’être plus rien.  Etre éternel  ou ne plus être, voici le yin et le yang, lumière et ténèbres. Depuis l’enfance,  je suis parti en quête d’un paradis poétique dans l’enfer d’une vie prosaïque.  Si je devais lancer un défi à Dieu, ce serait de refuser d’entrer dans le jeu vain du créateur et de la créature. Qu’en est-il de la divine providence lorsque l’on marche sans but au hasard des rues ?  L’arbitraire qui décide des destinées est-il le bras armé de Dieu ou une dérisoire manifestation du chaos originel ? « Jamais un coup de dés n’abolira le hasard » écrivait Mallarmé, le hasard qui est l’irréductible preuve du néant. L’homme a créé Dieu le sixième jour parce qu’il s’ennuyait et aussi parce qu'il  a toujours eu horreur du vide. Ce qu’il y a de divin en chacun de nous est avant tout  la marque de notre profonde humanité, de ses limites et aussi celle de l’absence de perspectives au bout de chaque vie individuelle.

  • L'homme a créé Dieu le sixième jour.

      J'ai la nostalgie de l'éternité, le goût du néant et, la nuit, quand je me dissous dans un sommeil sans images, je me désincarne. Le dégoût d'une vie misérable est souvent, plus ou moins consciemment, associé au désir d'une délivrance. Et si celle-ci prend parfois la forme naïve du paradis chrétien – délivrez-nous du mal – elle peut aussi exprimer l’aspiration toute simple à n’être plus rien.  Etre éternel  ou ne plus être, voici le yin et le yang, lumière et ténèbres. Depuis l’enfance,  je suis parti en quête d’un paradis poétique dans l’enfer d’une vie prosaïque.  Si je devais lancer un défi à Dieu, ce serait de refuser d’entrer dans le jeu vain du créateur et de la créature. Qu’en est-il de la divine providence lorsque l’on marche sans but au hasard des rues ?  L’arbitraire qui décide des destinées est-il le bras armé de Dieu ou une dérisoire manifestation du chaos originel ? « Jamais un coup de dés n’abolira le hasard » écrivait Mallarmé, le hasard qui est l’irréductible preuve du néant. L’homme a créé Dieu le sixième jour parce qu’il s’ennuyait et aussi parce qu'il  a toujours eu horreur du vide. Ce qu’il y a de divin en chacun de nous est avant tout  la marque de notre profonde humanité, de ses limites et aussi celle de l’absence de perspectives au bout de chaque vie individuelle.

  • La controverse du calcul infinitésimal.

       Lorsqu'il s'agit d'instruire le procès de Dieu, à chaque fois le banc des accusés reste  vide. Le présumé coupable de tous nos maux pointe aux abonnés absents. Est-il en fuite ou pis en délit d'inexistence ?  Quoi qu'il en soit les magistrats en sont réduits à le condamner par contumace. Lorsque l’accusé devient accusateur (le fameux Jugement de Dieu), l’arbitraire divin ne prêche pas en sa faveur. Cette accumulation de non-sens tue dans l’œuf l’éclosion de la moindre étincelle de foi chez l’individu le mieux disposé. « Dieu n’existe pas », j'en suis intimement convaincu depuis le début de ma maladie. Et nous le savons bien tous autant que nous sommes. La grandeur de l’homme réside dans son humanité.  Celle-ci contient une part de mystère, d’inexplicable, de magie impossible à transcrire dans un schéma ADN. Nous aspirons tous à nous élever au-dessus de notre animalité, à grandir. Ce désir d’ailleurs, cet appétit de sens, cette soif de créer donne une valeur incomparable à chaque existence. Quand un artiste écrit, peint, ou invente une mélodie sur le clavier de son piano, il a le sentiment de posséder le même pouvoir que le Dieu de la Bible : « La vida es magnifica. El verdadero artista es un creator de vida, es como un dios que maneja el cosmos en su pecho y en sus manos. »