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Apprendre c'est élargir son ignorance.

 

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   « L'ignorance donne de l'assurance » et une attitude de doute devrait être notre principal moteur lorsque nous ambitionnons d’acquérir des connaissances nouvelles. Quelle est l’importance réelle de l’homme dans l’univers ? Nous pourrions retourner la question : Quelle importance aurait l’univers si l’homme n’était pas là pour l’observer ? Qu'apporte au cosmos l'existence d'une conscience qui l'envisage, d'une intelligence qui interprète ses moindres manifestations et d'une autorité qui établit les lois qui le régissent ? Il est évident que l’homme n’est pas apparu par hasard. « Il aurait suffi d’une très minime variante dans les constantes physiques du cosmos pour rendre impossible toute vie sur la Terre [1] ». Alors, quelle valeur accorder à ce que voient nos yeux ou à ce que touchent nos doigts ?  Pas plus que ce que peut permettre notre cécité et notre absence de tact. Nous envisageons l’univers à l’aune de constructions savantes mille fois détruites et rebâties car  le regard que nous portons sur le monde n’est que la projection en trois dimensions de nos infirmités. Depuis Newton,  la science moderne avait cru pouvoir imposer l’infaillibilité de ses méthodes et la véracité incontestable de ses résultats mais Einstein et quelques autres sont passés par là...  D’ailleurs, la tentation est grande pour le scientifique de poser comme préalable à ses recherches des postulats réducteurs plus aisés à développer. Beaucoup instruisent à charge, laissant sur le bord de la route des preuves scientifiquement incorrectes. Un exemple : de nombreux  physiciens ont choisi de considérer que la totalité de la matière contenue dans l’univers était déjà présente lors du big bang originel. En clair, c’est la théorie (et donc le théoricien) qui décide d’abord de ce qui est observable. Alors, n’ayons pas la prétention de croire qu’il existe un monde  objectif  et que nous pouvons en expliquer les mécanismes. Le scientifique ne peut qu’accumuler des hypothèses successives abandonnées lorsqu’un fait nouveau les contrarie. Ayons à l’esprit que la notion d’atome a été formulée pour la première fois par un philosophe de la Grèce antique (Empédocle). Ainsi, le concept de la structure atomique ne procédait pas d’observations ni d’expériences scientifiques mais d’une intuition. Se limiter à observer un phénomène physique ou à concevoir une théorie, c’est gesticuler entre quatre murs et cela équivaut « à expliquer une énigme par un mystère [2]». De plus, le fait scientifique doit tenir compte que  ce qui est observé  subit une interaction avec l’observateur  pouvant aller jusqu’à en changer la nature même. La perception quotidienne du monde qui nous entoure est certainement la plus illusoire de toutes car pleine d’inexplicable. Notre science est bancale parce qu’elle « est profondément ancrée dans les concepts communs acquis pendant notre enfance ou nés avec nous et utilisés dans la vie quotidienne [3]». Alors apprendre, c’est augmenter son ignorance et en élargir l’horizon. C’est tout ce que l’homme a fait jusqu’à ce jour  mais il n’est pas impossible, qu’à force de l’élargir, l’horizon ne finisse par atteindre quelque réalité.

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[1] Rémy Chauvin (biologiste) in  L’avenir de Dieu, Editions du Rocher.

[2] E. Wigner, prix Nobel de Physique en 1963.

[3] Id.

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